Un visage derrière la recherche : Myriam Denis

1. Pouvez-vous résumer votre parcours ? 

Mon premier emploi a été d’enseigner le français à des élèves du secondaire qui ne maitrisaient pas la langue française. Puis, après un séjour de six ans à Barcelone où j’ai enseigné le français, j’ai été engagée en 1994 comme chercheuse à l’Institut de linguistique de l’Université de Mons-Hainaut et, l’année suivante, comme coordinatrice pédagogique au Centre International de Phonétique Appliquée (CIPA), lié à cette même université. En Depuis 2001, je suis entréej’exerce à la Haute École Bruxelles-Brabant, dans le domaine pédagogique, en tant que maitre-assistante en langue française. 


2. Comment avez-vous commencé la recherche scientifique  ?

Mes activités de recherche ont débuté lorsque je travaillais au CIPA. J’ai été amenée à construire du matériel didactique puis à publier des articles scientifiques présentant les enjeux et résultats de ces travaux. Ensuite, le travail de recherche a repris à la Haute École, lorsque j’ai répondu à des demandes de collaboration ou des appels à projets.

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3. Quels sont vos domaines d’expertise  ? 

Mon travail porte sur le français langue étrangère et seconde. J’ai mené des recherches sur la didactique de cette discipline et la pédagogie interculturelle. J’ai ensuite travaillé sur le français langue de scolarisation et d’intégration. 

4. Avez-vous un projet de recherche dont vous êtes particulièrement fière  ?

Je voudrais citer deux projets actuels  : le projet FLESCO-DASPA, qui porte sur la langue de scolarisation et qui est financé par le Fonds pour la Recherche en Haute École (FRHE) et le projet AMIF 2, soutenu par le Fonds Social Européen (FSE), où est travaillée la langue d’intégration. Ces deux projets répondent à des objectifs différents. Mais tous deux visent à doter les enseignants d’outils concrets et théoriques les aidant à permettre l’intégration linguistique d’adolescents et d’adultes allophones en situation d’exil. Ces outils sont accessibles gratuitement sur le site Fle en récits (https ://fle-en-recits.be/) qui a été créé grâce à un projet AMIF antérieur.

5. Qu’est-ce qui fait, d’après vous, la spécificité et l’intérêt de la recherche appliquée  ? 

Dans le domaine de l’éducation, une recherche appliquée permet d’établir un état des lieux de pratiques éducatives, de construire des outils et des démarches d’enseignement qui seront ensuite testées sur le terrain, pour évaluer leur efficacité avant d’être diffusés. L’enjeu est de chercher comment agir concrètement afin d’améliorer des situations d’enseignement et de proposer des ressources et des démarches aux professionnels du terrain. Dans les domaines sur lesquels je travaille, peu de matériel concret existe pour les enseignants. La recherche appliquée permet dès lors de chercher des méthodes qui seront favorables à des pratiques d’enseignement/apprentissage plus performantes. La recherche appliquée engage le chercheur à opérer un aller-retour entre recherches en didactique ou en linguistique et applications sur le terrain, ce qui constitue précisément la clé de voûte du travail d’enseignant dans un département pédagogique en haute école.

6. Quel est l’impact que vous désirez avoir sur la société à travers vos recherches  ? 

L’impact est multiple. Les bénéficiaires sont tout d’abord les enseignants ou formateurs qui enseignent le français langue étrangère dans l’enseignement obligatoire, la promotion sociale et les asbl. Les projets menés aboutissent à la construction de matériel didactique et pédagogique qu’ils peuvent utiliser tels quels ou dont ils peuvent s’inspirer pour construire leurs propres dispositifs. Les retours d’enseignants qui ont pu tester le matériel montrent que ces derniers jugent utiles les démarches proposées. Ils relèvent les apprentissages effectifs des élèves et mentionnent en quoi les outils proposés leur ont permis d’actualiser leurs manières de faire ou de se perfectionner. 

Par ailleurs, la construction de tels outils contribue aussi à la formation initiale de futurs professionnels de l’éducation. Je peux montrer aux étudiants comment les notions théoriques enseignées s’incarnent dans des dispositifs concrets, expérimentés sur le terrain. 

Et, au final, les bénéficiaires indirects sont bien sûr les apprenants allophones qui arrivent sur le territoire belge et doivent apprendre le français pour rapidement s’intégrer dans la société d’accueil. 


7. En tant que membre du réseau SynHERA, dans quelle mesure la collaboration avec notre structure vous a été ou peut vous être fructueuse  ?

J’ai fait appel à SynHERA dans le cadre d’un projet FRHE. J’ai tout d’abord pu apprécier la relecture minutieuse du dossier de candidature et les échanges ponctuels avec des membres de SynHERA durant le projet. L’organisation de séances portant sur un point précis de la recherche (par exemple, le rapport financier ou les aspects de valorisation) permet de clarifier des aspects auxquels le chercheur est peut-être moins familier. Enfin, les Journées de la recherche en Haute École, organisées par SynHERA, sont l’occasion de faire connaitre son projet et de découvrir d’autres chercheurs œuvrant dans un domaine analogue.


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