Rencontre avec le nouveau conseiller juridique de SynHERA : Aubin de Perthuis

8 février 2021 par
Rencontre avec le nouveau conseiller juridique de SynHERA : Aubin de Perthuis
SynHERA, Déborah TOUSSAINT

Le 11 mars 2025, la plénière du Parlement européen a adopté un rapport sur l’évaluation de la mise en œuvre d’Horizon Europe en vue de son évaluation intermédiaire et de ses recommandations pour le 10e programme-cadre de recherche.

Le rapport s'appuie sur une analyse du programme et sur les constats des rapports Letta, Draghi et Heitor, qui alertaient sur le déclassement technologique de l'Europe et l'insuffisance de valorisation de sa recherche.

Le rapport conclut que la Commission n'a pas assuré une gestion agile d'Horizon Europe. Il propose donc des pistes pour FP10, le futur programme-cadre, afin de corriger ces dysfonctionnements.

Le programme Horizon est structuré autour de quatre piliers, résumés dans le graphique ci-dessous :

Tableau 1: les piliers du programme Horizon, source: Horizon Europe[1]

 

Ces piliers ont chacun des caractéristiques propres

Le 1er pilier Excellence Scientifique finance des projets de recherche fondamentale à haut risque et potentiel ainsi que les talents scientifiques via des programmes comme les ERC (Conseil européen de la recherche) et les bourses Marie Skłodowska-Curie.

Le 2ème pilier Problématiques mondiales et compétitivité industrielle européenne encourage le développement de partenariats à l’échelle européenne ainsi que la mise en commun des ressources et des connaissances sur le continent. Il soutient des projets d’envergure notamment à travers la création de « Joint Undertakings » — des mécanismes destinés à établir des partenariats public-privé (PPP).

Ce pilier est critiqué pour sa gestion trop complexe (approche top-down et multiplicité d’instruments), ce qui freine les petits acteurs. Il devrait privilégier les résultats plutôt que le contrôle des dépenses et mieux équilibrer recherche fondamentale et innovation marché, tout en réduisant l’éparpillement des projets.

Le 3ème pilier Europe Innovante a permis des progrès dans la valorisation de la recherche, notamment grâce à ses deux instruments :

  •  L’European Innovation Council (EIC) qui soutient l'innovation de rupture, en combinant subventions et investissements en capital-risque de la phase start-up jusqu’à la maturation industrielle et commerciale.
  •  L’European Institute of Innovation and Technology (EIT) qui renforce la coopération entre les acteurs d’un même secteur (enseignement supérieur, recherche, entreprises).

 Cependant, leur efficacité est limitée par une bureaucratie excessive, des règles complexes et des coûts dissuasifs, appelant à plus de simplicité et d’autonomie.

Le 4ème pilier transversal vise à réduire les inégalités régionales en innovation et R&D, permettant à l'Europe de mieux exploiter son potentiel scientifique. Son déploiement est freiné par l'hétérogénéité des politiques nationales. Le Parlement recommande d'imposer des obligations aux États membres et d'optimiser l'échelon de financement (européen, national ou régional). Une task force dédiée est proposée pour harmoniser les stratégies et accroître les budgets R&D de manière coordonnée.

Problèmes identifiés

Malgré les efforts de simplification, la bureaucratie continue d’étouffer Horizon Europe, avec 32% des acteurs constatant une aggravation vs Horizon 2020 et 50% aucune amélioration. Un projet sur deux y consacre plus de 10% de son budget en tâches administratives, et 10% dépensent jusqu’à 20% de leur budget – pendant que les délais de financement explosent les 8 mois réglementaires.

Cette lourdeur exclut les PME innovantes et fait fuir les talents, réduisant mécaniquement le taux de succès des projets. Le "lump sum", solution partielle, crée un paradoxe : simplification des coûts mais complexité accrue des audits ex post.

Le Parlement exige un rééquilibrage immédiat entre logistique et science, et un déploiement ciblé du financement forfaitaire après analyse rigoureuse.

Les consortiums imposés par Horizon Europe complexifient encore plus la gestion des projets, avec des coûts administratifs croissants proportionnellement au nombre de partenaires, décourageant PME et nouveaux entrants. Malgré ces obstacles, Horizon Europe a permis à 50% des PME participantes d'intégrer le programme pour la première fois, révélant un potentiel inexploité. La tendance inquiétante au repli des partenariats internationaux (2021-2027) souligne l'urgence d'alléger les contraintes pour revitaliser la collaboration transnationale.

Le Parlement identifie la nécessité d’une meilleure coordination des politiques scientifiques européennes, notamment en alignant les politiques d’investissement et la sélection des projets en fonction de leur potentiel d’impact et sur base des stratégies européennes.


Enfin, le rapport formule une série de recommandations pour la prochaine version du programme de recherche :

  • Prioriser la vulgarisation et la diffusion des résultats afin de renforcer la confiance dans les programmes de R&D et susciter l’adhésion du public aux financements de la recherche.
  • Mieux équilibrer recherche et innovation commercialisable, car l'approche actuelle ne soutient pas assez les idées réellement disruptives.
  • Définir des objectifs simplifiés pour les missions, ancrer l’approche "bottom-up" dans les besoins de terrain, et appliquer une gestion par portefeuille des projets favorisant l'interdisciplinarité (sciences humaines/exactes).
  • Last but not least, favoriser des consortiums plus petits et consacrer l'utilisation des fonds restants pour financer des projets R&D ciblés, afin de réduire les barrières à l'entrée des nouveaux acteurs.


[1] https://www.horizon-europe.gouv.fr/horizon-europe-c-est-quoi-24104

Odoo • Image et Texte

Depuis ce 3 février, Aubin de Perthuis a rejoint SynHERA en qualité de conseiller juridique. C’est avec enthousiasme que cet ancien juriste d’InnovaTech a accepté de répondre à nos questions. Rencontre avec ce spécialiste qui fait à présent partie de notre équipe ! 

Bonjour Aubin, pouvez-vous nous expliquer en quelques lignes votre parcours ? 

J’ai commencé ma formation aux Facultés Saint-Louis à Bruxelles, puis à l’UCLouvain. J’ai également fait une licence spéciale en droit international à l'ULB. Par après, j’ai réalisé plusieurs formations complémentaires, comme celle en management à l’ICHEC. Quant à ma 1re expérience en propriété intellectuelle, c’était dans le cadre d’un programme européen pour lequel j’ai eu l’opportunité de m’envoler pour la Chine. Dans ce pays, j’ai étudié un an à l’Université en langues étrangères de Pékin et pour ensuite effectuer un stage à l’Union des Fabricants. Lors de mon retour en Belgique, j’ai passé le barreau, pour devenir avocat. Une profession que j’ai exercée avec plaisir au sein du cabinet d'avocats Ulys. J'ai ensuite travaillé brièvement comme mandataire en marques au sein du groupe Gevers Cependant, j’étais à la recherche d’un emploi plus varié. C’est ainsi que j’ai rejoint InnovaTech comme conseiller juridique. J’y suis resté onze ans.

Qu’est-ce qui vous a motivé à l’idée de rejoindre SynHERA ?

Parmi les éléments qui m’intéressaient plus particulièrement, il y avait l’aspect formation des enseignants-chercheurs. Ensuite, le fait que SynHERA accompagne plusieurs types de projets. Ceux-ci ne concernent pas uniquement la catégorie technique, il y en a également qui touchent au domaine des Sciences Humaines et Sociales. Cette variété me plaisait fortement. 

Et si vous deviez choisir un adjectif pour vous définir dans le cadre de votre travail, ce serait lequel ? 

J’espère pouvoir me qualifier comme une personne curieuse, mais aussi réactive. Cette réactivité, ma flexibilité et mon enthousiasme, c’est ce que je souhaite notamment apporter à SynHERA.

Une question plus personnelle, à présent : quand vous n’êtes pas au travail, quelles sont vos passions ?  

J’ai deux jeunes enfants, une petite fille de 7 ans et un garçon de 10 ans, donc mes activités tournent souvent autour d’eux. Il y a deux ans, j’ai commencé un nouveau sport : le krav-maga. Mon fils m’a rejoint, et peut-être que, par la suite, ma fille partagera également avec nous cette activité. 

Cet entretien, nous le réalisons par visioconférence. J’imagine que cela ne doit pas être évident de commencer un nouveau travail dans ces conditions… 

Ce n’est pas mon mode préféré, c’est certain, même s’il comporte certains avantages. Cependant, c’est assez difficile d’avoir un 1er contact en distanciel, d’autant plus lorsqu’il s’agit de visioconférence avec plusieurs personnes. Mais je me suis habitué à ce type de fonctionnement. 

Pour contacter Aubin de Perthuis cliquez ici


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SynHERA, Déborah TOUSSAINT 8 février 2021
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