1. Pouvez-vous résumer votre parcours ?
Retracer un parcours de vie est toujours un exercice délicat. Je dirais que je suis avant tout une maman de trois enfants, profondément attachée aux valeurs humaines, qui a toujours cherché à mettre l’humain au centre de ses engagements personnels et professionnels. Ces convictions m’ont naturellement orientée vers la kinésithérapie, une profession qui conjugue soin, accompagnement et responsabilité.
Après une formation initiale en haute école, j’ai poursuivi par un master universitaire et une agrégation, mûe par le désir de contribuer un jour à la formation des futurs kinésithérapeutes. Mon parcours clinique a commencé au Centre Hospitalier Neurologique William Lennox, un lieu d’excellence en rééducation neurologique, où j’ai eu l’opportunité d’explorer des approches thérapeutiques innovantes et de travailler au plus près des patients. Ces années m’ont sensibilisée à l’importance de développer des pratiques fondées sur des preuves scientifiques, tout en restant profondément attentive aux besoins individuels des personnes accompagnées.
Mon passage vers l’enseignement a marqué une nouvelle étape dans mon parcours. J’ai souhaité devenir un pont entre la pratique clinique et l’enseignement, en transmettant aux étudiants non seulement des connaissances solides, mais aussi un regard critique sur les thérapeutiques et les approches pédagogiques. Mon ambition est de promouvoir des dispositifs éducatifs et des pratiques cliniques fondés sur la rigueur scientifique et sur l’évaluation de leur efficacité, tout en mettant toujours l’humain au centre.
Au fil des années, ma vision de l’enseignement a évolué : je ne me contente plus de transmettre un savoir disciplinaire, mais je cherche à engager activement les étudiants dans leurs apprentissages. Mon objectif est de les accompagner à devenir des professionnels compétents, capables de combiner rigueur scientifique et humanité dans leur pratique. En alliant la recherche, l’enseignement et la pratique clinique, je m’efforce de contribuer à former des thérapeutes et des dispositifs qui répondent aux enjeux de santé actuels avec qualité et pertinence.
2. Quels sont vos domaines d’expertise ?
Mes domaines d’expertise s’articulent autour de deux champs qui me passionnent profondément : la neurologie et la pédagogie. En tant que kinésithérapeute spécialisée en neurologie adulte, je suis animée par une fascination pour le cerveau et les multiples façons dont les neurosciences peuvent éclairer et transformer la rééducation neurologique.
Parallèlement, mon rôle d’enseignante en haute école, dans les disciplines de la neurologie et de l’anatomie, m’a permis de m’immerger dans les pédagogies actives et de m’intéresser à leur potentiel pour engager les étudiants dans des apprentissages significatifs. Cette approche me permet d'explorer comment des dispositifs pédagogiques innovants peuvent renforcer l'acquisition de compétences complexes, notamment en mettant l’accent sur le raisonnement clinique et l’interprofessionnalité.
Aussi bien en pédagogie qu’en santé, je m’inscris dans une vision fondée sur les évidences scientifiques et les best practices. Ce paradigme m’a naturellement orientée vers la recherche, avec l’objectif de relier les données issues de la science à leur application concrète sur le terrain. Je m’efforce ainsi de contribuer à identifier et promouvoir les meilleures pratiques, qu’il s’agisse de protocoles thérapeutiques en rééducation neurologique ou de dispositifs pédagogiques optimisés pour soutenir l’apprentissage des étudiants et, indirectement, améliorer leur impact en tant que futurs professionnels de santé.
Ce croisement entre science, pédagogie et pratique clinique constitue le fil conducteur de mon parcours et de mes projets, dans une volonté constante de faire le lien entre théorie et application pratique, pour contribuer à des approches toujours plus pertinentes et efficaces.
3. Avez-vous un projet de recherche dont vous êtes particulièrement fière ?
Plutôt que de parler de fierté au sens strict, je préfère dire que certains projets résonnent profondément avec mes valeurs et mes aspirations. Parmi eux, le projet de recherche que je mène actuellement en interprofessionnalité avec la chercheuse senior Julie Paradis occupe une place particulière. Soutenu par la Haute École Vinci, des chercheurs de la Faculté des sciences de la motricité de l’UCLouvain, et le Centre Hospitalier Neurologique William Lennox, ce projet vise à démontrer l’intérêt de l’implémentation de thérapies intensives pour deux populations spécifiques : des enfants atteints de lésions cérébrales acquise et des adultes cérébro-lésés en phase subaiguë.
Ces thérapies intensives, de type Habit-ILE du Professeur Yannick Bleyenheuft, s’appuient sur des preuves scientifiques solides. L’objectif est de rendre ces interventions accessibles à un plus grand nombre de patients, en intégrant leur mise en œuvre directement dans un environnement clinique. Cet aspect d’accessibilité, qui garantit une équité dans les soins, est pour moi un élément fondamental. Le projet a donc un impact non seulement scientifique, mais également sociétal et de santé publique. On attend plus que nos politiques…
Une autre dimension essentielle de cette recherche est son rôle dans le rapprochement entre deux mondes : celui de la recherche scientifique, parfois perçue comme éloignée, et celui de la pratique clinique. À travers ce projet, j’ai été témoin d’une véritable dynamique d’échange et d’apprentissage mutuel entre les chercheurs et les cliniciens. Ce dialogue permet de réduire le fossé entre la science et le terrain, pour des soins plus directement applicables et pertinents.
Au-delà des résultats scientifiques, ce projet a une résonance humaine extraordinaire. Il engage une multitude d’acteurs : les patients et leurs familles, les chercheurs, les cliniciens, les soignants, les équipes de maintenance, et même les étudiants, qui jouent un rôle actif dans cette dynamique. Les intégrer dans ce processus de recherche est essentiel pour moi, car cela leur permet de découvrir la rigueur et les enjeux du travail scientifique tout en les sensibilisant à son impact concret. Ils ne sont pas de simples observateurs, mais de véritables acteurs à toutes les étapes : de la création à la mise en œuvre du projet.
Cette recherche leur offre une opportunité unique de développer des mémoires ancrés dans une problématique réelle, tout en participant directement à l’évolution des pratiques cliniques. En s’impliquant dans un projet aussi concret, ils expérimentent cette complémentarité précieuse entre l’enseignement et le terrain. Leur engagement contribue non seulement à enrichir la recherche, mais aussi à former une nouvelle génération de professionnels sensibles à l’importance de la rigueur scientifique et de l’impact humain de leur travail.
4. Quelle est votre vision de la recherche appliquée ?
Ma vision de la recherche appliquée s’inscrit pleinement dans la continuité de mon parcours professionnel et de mes aspirations profondes. Elle représente pour moi une démarche essentielle pour résoudre des problématiques concrètes et répondre à des besoins spécifiques dans un contexte pratique, qu’il s’agisse de défis scientifiques, éducatifs ou cliniques.
La recherche appliquée prend tout son sens dans la triangulation entre trois sphères complémentaires : l’enseignement, le milieu hospitalier et le développement des compétences, tant en formation initiale qu’en formation continue. C’est au croisement de ces domaines que se dessine, à mon sens, une véritable opportunité de relier les données issues de la science à des applications tangibles et utiles sur le terrain.
En somme, la recherche appliquée est pour moi un outil puissant pour innover, optimiser les pratiques et améliorer à la fois la qualité des soins et celle de l’enseignement, tout en plaçant l’humain au cœur des dispositifs que l’on conçoit et développe.
5. Quel est l’impact que vous désirez avoir sur la société à travers vos recherches ?
Aujourd’hui plus que jamais, les domaines des soins de santé et de l’enseignement se doivent d’évoluer en cohérence avec les besoins de la société, tout en restant profondément ancrés dans une approche centrée sur l’humain. À travers mes recherches, mon ambition est de contribuer à cette évolution en cultivant une dynamique de transformation à la fois pratique et durable.
Dans le domaine des soins de santé, je m’efforce de faire émerger des pratiques fondées sur des preuves scientifiques, avec pour finalité d’améliorer la qualité des soins et de renforcer l’autonomie des professionnels. Mon objectif est de répondre aux défis de santé actuels en intégrant des solutions concrètes, où le patient demeure au cœur de toutes les démarches.
Dans l’enseignement, mon engagement repose sur la conception de dispositifs pédagogiques innovants qui favorisent un apprentissage actif et réflexif. J’aspire à donner aux étudiants les moyens de développer leur expertise tout en cultivant leur capacité à s’adapter à des environnements complexes et en constante évolution.
En définitive, je souhaite que mes recherches agissent comme un levier de transformation, permettant de générer des pratiques et des outils concrets qui enrichissent à la fois les soins et la formation. Mon impact idéal serait de contribuer à une société où la science, l’éducation et les valeurs humaines interagissent pour répondre aux enjeux de demain.
6. En tant que partenaire du réseau SynHERA, dans quelle mesure la collaboration avec notre structure vous a été ou peut vous être fructueuse ?
Ma rencontre avec SynHERA s’est faite il y a quelques années, à un moment charnière de mon développement professionnel. J’étais à un croisement où j’avais besoin de mieux comprendre et d’évaluer l’impact de mes initiatives, tout en m’assurant de leur efficacité. C’est également à ce moment que j’ai pris conscience de l’importance de l’enseignement en tant que moteur de changement.
La collaboration avec SynHERA m’a permis d’acquérir des compétences essentielles de chercheuse, en complément de mon rôle d’enseignante. Grâce à un accompagnement structuré par des chercheurs expérimentés, j’ai pu évoluer dans un environnement rigoureux et exigeant, qui m’a aidée à renforcer mes projets. Travailler en binôme avec des experts m’a offert l’opportunité de mettre en avant mes idées, ma pratique et mes réflexions, tout en bénéficiant d’un encadrement scientifique solide et d’un regard critique sur mes initiatives.
SynHERA ne se contente pas de guider : c’est un véritable partenaire dans la recherche. Leur soutien va au-delà d’un simple accompagnement méthodologique ; ils aident à faire émerger les idées, à les affiner, à les recadrer si nécessaire, tout en offrant un cadre bienveillant mais exigeant. Cette collaboration m’a permis de découvrir un champ de compétences différent de celui dans lequel je m’étais formée, et de les intégrer au service de mes projets.
En somme, SynHERA m’a
aidée à transformer mes ambitions en actions concrètes et à inscrire mes
projets dans une démarche scientifique rigoureuse. Leur rôle va bien au-delà du
coaching : ils sont un partenaire clé dans l’épanouissement de mes initiatives
de recherche.
Un visage derrière la recherche Fanny Lacour